The Bear, série trois étoiles
Les bonnes séries, comme les bons films, sur la bouffe, sont rares. Regardez The Bear, sur Disney+ un portrait vivant et vivifiant de ce que le quotidien d’un snack peut être. Si ça crie et ça s’énerve parfois un peu trop à mo, goût, la courte série ne manque pas d’authenticité. Cerise sur le gâteau, les acteurs sont excellents. J’ai dévoré la première saison, j’attends la suite...
On est à Chicago. Lorsque la série commence, on comprend que Carmy Berzatto (Jeremy Allen White, excellent) a quitté un poste de chef dans un des restaurants les plus prestigieux new-yorkais – un restaurant présenté comme « Meilleur au monde » ou un truc du genre – pour reprendre un snack, ou plutôt une sorte de boui boui criblé de dettes que lui a légué son frère. Celui-ci, dit « The Bear », s’est tiré une balle dans la tête sur l’un des ponts de la ville sans trop laisser d’explications. Remettre le rafiot dont la spécialité est l’Italian beef sandwich sur ses rails s’annonce titanesque. On est dans un quartier où ça craint pas mal, même si on sent les parfums de la gentrification. Pas vraiment l’endroit où se pointer avec des plats fleuris. Pas évident d’autant que le chef hérite d’une équipe en place plutôt rôdée dans ses habitudes, avec en tête de gondole un ami d’enfance de la famille à qui on ne la fait pas : Richie, magistralement interprété par Ebon Moss-Bachrach. Á peine arrivé, le jeune Carmy prend l’affaire à cœur, s’affairant à donner des lettres de noblesse à l’Italian beef, cette spécialité locale mise au point dans le quartier de l’abattoir voisin. Pour ce faire, le chef exige de son équipe de se plier à la discipline d’une brigade à la mode Escoffie (Oui, chef ! à tout bout de phrase). Honnêtement, c’est assez juste… Débarque dans l’aventure la touchante Sydney Adamu (Ayo Edebiri), jeune cuisinière douée, qui amène ses idées tout en interrogeant son patron sur ses intentions. La série aurait été tournée dans la cuisine du restaurant Original Beef of Chicagoland. La contrainte entraîne une réelle justesse de ton renforcée par un scénario rédigé par des gens qui savent ce que c’est la bouffe et la vie en cuisine pro. C’est plutôt rare. L’affaire est courte, énergique, fragile et émouvante. Une réussite d’autant qu’elle offre une étude plutôt sensible et cruelle de la crise de l’identité masculine.